Sylviculture

Paulownia en France : état des lieux et perspectives 2025

En 2025, le Paulownia s’impose comme un arbre à la fois prometteur et controversé. Environ 5 000 hectares ont déjà été plantés en France, principalement en Bretagne et dans le Sud-Ouest, portés par l’espoir d’un bois léger et rapide à produire.

Mais les premiers bilans sont contrastés : si certains pionniers confirment des croissances spectaculaires, d’autres font état de pertes importantes et d’incertitudes économiques.

L’année 2025 sera décisive : avec les premières coupes commerciales, la filière va enfin livrer des données réelles sur la rentabilité de cette essence, bien au-delà des promesses marketing des débuts.

À retenir

  • Superficie 2025 : environ 5 000 hectares plantés en France (Bretagne, Sud-Ouest, Hauts-de-France).
  • Croissance : 3 à 5 m/an en conditions optimales, mais dépendante d’une irrigation soutenue.
  • Coûts cachés : 5 500 €/ha minimum d’investissement, jusqu’à 120 000 L d’eau/ha/an nécessaires.
  • Échecs documentés : mortalité de 30 % en climat continental, projets abandonnés faute de débouchés, problèmes phytosanitaires.
  • Filière française : encore embryonnaire, dépendante de l’exportation vers l’Allemagne malgré l’émergence d’acteurs locaux.
  • Statut réglementaire flou : non éligible aux aides PAC, non reconnu dans les certifications PEFC/FSC.
  • Perspectives 2025–2030 : rentabilité possible uniquement si une filière nationale de transformation se structure.
Illustration montrant un homme plantant du Paulownia sous une bannière “solution climatique ?” face aux réserves de chercheurs.
Présenté comme un allié du climat, le Paulownia divise la communauté scientifique sur ses véritables bénéfices carbone.

Pourquoi le Paulownia fascine-t-il ?

Depuis 2020, le Paulownia a oscillé entre discours marketing exaltés – arbre “miracle” censé pousser trois fois plus vite qu’un peuplier et capter “10 fois plus de CO₂” – et mises en garde scientifiques venues du CNPF, de l’INRAE et de Fibois Bretagne.

En 2025, le narratif s’est clairement déplacé : il ne s’agit plus d’un “sauveur climatique”, mais d’une essence expérimentale dont les premiers retours de terrain révèlent un potentiel réel mais des contraintes lourdes.

Illustration critique montrant le contraste entre l’image marketing du Paulownia comme “arbre miracle” et ses impacts réels sur l’eau et les écosystèmes.
Présenté comme un sauveur climatique, le Paulownia s’impose aussi comme un cas d’école de greenwashing forestier.

Timeline du mythe au doute raisonné

PériodeNarratif dominantActeurs clés
2020–2022Promesses marketing (croissance fulgurante, CO₂ ×10)Distributeurs, promoteurs
2023–2024Relais médiatiques enthousiastesPresse, TV grand public
2025Premières critiques documentées (irrigation, mortalité, filière embryonnaire)CNPF, INRAE, Fibois

Bilan des plantations françaises 2020–2025

Cartographie des zones d’implantation

Entre 2020 et 2025, les surfaces de Paulownia en France se sont développées rapidement mais restent limitées par rapport aux essences traditionnelles.

Selon différentes sources professionnelles recoupées (ArbrePaulownia, Paulownia Nature, PEB, Paulownia Energy), la superficie totale atteindrait environ 5 000 hectares.

La répartition géographique montre une dynamique diffuse, avec des zones pionnières et quelques projets pilotes plus dispersés.

Région / DépartementEstimation surface 2025 (approx.)Acteurs impliqués
Bretagne (Finistère, Morbihan)1 200–1 500 haArbrePaulownia, pionniers Guéguen
Hauts-de-France (Nord, Pas-de-Calais)700–900 haPaulownia Nature
Sud-Ouest (Lot-et-Garonne, Pyrénées-Atlantiques)1 000–1 200 haPEB, Paulownia Energy
Bourgogne-Franche-Comté500–700 haExploitations agricoles diversifiées
Normandie (Eure)quelques dizaines d’haProjets pilotes
Autres régions (Centre, Rhône-Alpes)600–800 haDivers opérateurs

En additionnant ces estimations, on obtient un ordre de grandeur proche des 5 000 ha annoncés. Mais l’absence de données consolidées interdit d’en donner une valeur exacte.

A lire : Impact économique de la production forestière en France : un secteur stratégique pour l’économie nationale

Vue aérienne d’une plantation de Paulownia à maturité, rangs d’arbres alignés dans un paysage agricole français.
Environ 5 000 hectares de Paulownia ont été plantés en France, principalement en Bretagne et dans le Sud-Ouest.

Retours d’expérience après 3–4 ans

Les premiers bilans de terrain confirment que le Paulownia peut atteindre 3 à 5 mètres de croissance annuelle dans des conditions favorables.

Cette rapidité s’accompagne de contraintes fortes : irrigation goutte-à-goutte obligatoire les deux premières années, coûts supplémentaires pour la protection contre le gibier, et suivi technique constant.

Les résultats restent contrastés. En Bretagne et dans certaines exploitations du Sud-Ouest, des croissances supérieures à 5 mètres par an ont été observées.

À l’inverse, dans des zones plus sèches ou continentales, plusieurs plantations ont souffert de stress hydrique ou de mortalité hivernale, réduisant fortement leur potentiel économique.

Limites des données disponibles

L’évaluation précise des surfaces et des performances reste difficile. Contrairement au peuplier ou au douglas, le Paulownia ne bénéficie d’aucun recensement officiel. Les chiffres disponibles proviennent de sources commerciales concurrentes, souvent utilisées dans une optique de communication.

Encadré – Données à manier avec prudence

  • Estimation globale : ≈ 5 000 ha plantés en 2025, chiffre non validé par une instance publique.
  • Sources fragmentées : ArbrePaulownia, Paulownia Nature, PEB et autres acteurs avancent chacun leurs estimations.
  • Absence de registre national : impossible de vérifier la répartition exacte par région.
  • Risque de biais : chiffres parfois gonflés pour valoriser un modèle économique ou séduire de nouveaux planteurs.
Graphique comparatif montrant la croissance annuelle moyenne du Paulownia par rapport au Peuplier, en mètres par an, selon les conditions françaises.
Croissance annuelle du Paulownia vs Peuplier : le match des essences rapides

Cadre réglementaire et statut juridique

Position vis-à-vis de la PAC

Le Paulownia occupe une position ambivalente dans le cadre de la Politique Agricole Commune (PAC).

En monoculture dense, il est considéré comme essence forestière et n’ouvre pas droit aux aides directes destinées aux cultures agricoles.

En revanche, dans des projets d’agroforesterie, certaines chambres d’agriculture précisent que les plantations de moins de 100 arbres par hectare peuvent conserver leur statut agricole, permettant de rester éligibles aux aides existantes.

Cette distinction freine l’implantation à grande échelle et limite pour l’instant le Paulownia à des projets expérimentaux ou de diversification.

Exclusion PEFC/FSC

Le Paulownia n’est pas reconnu dans les référentiels de certification de gestion durable tels que PEFC ou FSC. L’absence d’intégration à ces schémas soulève deux problèmes majeurs :

  • Le bois produit ne peut pas être valorisé dans les circuits certifiés, essentiels pour accéder aux marchés de la construction et de l’ameublement.
  • Les coopératives forestières françaises, très attachées à ces labels, hésitent à intégrer le Paulownia dans leurs plans de gestion.

Sans reconnaissance officielle, la valeur marchande du bois risque donc de rester cantonnée à des niches ou à des débouchés non standardisés.

Risques liés au flou juridique

Le vide réglementaire actuel expose les planteurs à plusieurs incertitudes :

  • Responsabilité en cas d’invasion : le Paulownia tomentosa figure depuis 2021 sur la liste d’alerte de l’OEPP(Organisation européenne et méditerranéenne pour la protection des plantes), également signalée par l’EEA(Agence européenne de l’environnement). Le risque d’expansion non contrôlée reste théorique pour les hybrides stériles, mais la responsabilité légale d’un propriétaire en cas de dissémination n’est pas clarifiée.
  • Assurances : la couverture reste incertaine pour une essence non reconnue dans les schémas forestiers classiques, notamment en cas de dégâts aux infrastructures ou de mortalité massive.
  • Financements : les organismes bancaires et publics hésitent à soutenir des projets reposant sur une culture dont le statut officiel reste indéfini.
Infographie montrant des jeunes repousses spontanées de Paulownia tomentosa en milieu naturel, illustrant le risque d’invasivité signalé par l’OEPP et l’Agence européenne de l’environnement.
Classé espèce à risque par l’OEPP, le Paulownia tomentosa peut se propager rapidement hors des zones cultivées.

Encadré – Statut juridique du Paulownia 2020–2025

AnnéeÉvolution réglementaireConséquences
2020Reconnu comme essence forestière, non agricoleExclusion des aides PAC en monoculture dense
2021Inscription du Paulownia tomentosa sur la liste d’alerte de l’OEPPRecommandations de vigilance en Europe
2022–2023Développement des projets agroforestiersMaintien du statut agricole pour <100 arbres/ha
2024Rappel et renforcement des recommandations OEPPMise en avant du risque d’invasivité dans les documents techniques
2025Toujours non certifié PEFC/FSC, statut PAC inchangéAccès limité aux financements et absence de reconnaissance officielle

Filière de transformation : émergence et défis

Émergence d’initiatives françaises

Depuis 2024, plusieurs acteurs tentent de poser les bases d’une filière Paulownia en France.

Dans le Béarn, l’entreprise PEB (Paulownia En Béarn) a lancé une activité intégrant plantation, abattage et sciage afin de créer une chaîne locale de valorisation.

Le projet Treesition développe un modèle agroforestier intégré, associant plantation et transformation.

Enfin, Ikiwood se positionne comme négociant et met en avant un engagement environnemental, en replantant deux arbres pour chaque mètre cube commercialisé.

Ces initiatives traduisent une volonté de réduire la dépendance à l’exportation et de créer des débouchés locaux. Toutefois, elles restent de petite taille et ne suffisent pas encore à assurer une transformation nationale significative.

Mais volumes encore insuffisants pour une filière viable

La réalité est que la transformation du Paulownia en France demeure embryonnaire. Aucune scierie industrielle spécialisée n’existe à ce jour, et la majorité du bois récolté est envoyée vers l’étranger.

Le principal transformateur utilisé par les producteurs français est KiriTec, une société allemande qui joue un rôle important mais non exclusif dans la valorisation du bois en Europe occidentale.

Cette dépendance logistique augmente les coûts et limite la rentabilité des plantations françaises. Même si PEB, Treesition ou Ikiwood amorcent un mouvement, leurs volumes restent trop faibles pour garantir la stabilité des prix ou structurer une véritable filière.

Photo de tubes de protection en plastique cassés au pied de jeunes plants de Paulownia, illustrant les résidus non biodégradables.
Des milliers de gaines plastiques jonchent les plantations : un paradoxe pour une filière se voulant écologique.

Encadré – Paulownia France vs Europe centrale : écarts de volumes

Les chiffres disponibles sur les surfaces européennes doivent être considérés comme des estimations non consolidées, issues d’acteurs professionnels. Aucun recensement officiel n’existe.

PaysSurfaces plantées (ordre de grandeur)Filière de transformationSituation 2025
France≈ 5 000 haInitiatives locales (PEB, Treesition, Ikiwood)Filière embryonnaire, volumes limités
Allemagnequelques milliers d’ha (estimations)Scieries locales, dont KiriTecFilière progressivement consolidée depuis les années 2000
Autrichequelques milliers d’ha (estimations)Coopératives forestières, débouchés ameublementFilière semi-structurée, volumes modestes

Ce comparatif illustre le décalage : la France explore encore, alors que l’Allemagne et l’Autriche disposent déjà de structures de transformation plus solides, même si elles restent loin des grandes filières traditionnelles comme le peuplier ou le douglas.

Échecs et revers documentés

Mortalité hivernale et sensibilité au gel

Dans les régions au climat continental, les plantations de Paulownia ont connu des pertes significatives.

Les hivers rigoureux, avec des températures descendant sous les –15 °C, entraînent une mortalité pouvant atteindre 30 % des jeunes plants.

Cette fragilité s’explique par une lignification insuffisante durant la première année, rendant les arbres vulnérables aux gels précoces ou tardifs.

Photo montrant des jeunes plants de Paulownia irrigués par goutte-à-goutte sur sol sec, en période de forte chaleur.
Dans un contexte de sécheresse, l’irrigation massive du Paulownia interroge la viabilité écologique de cette culture.

Déficit hydrique et stagnation de croissance

Le déficit hydrique constitue un autre facteur d’échec majeur. Sans un apport d’environ 100 à 150 litres d’eau par semaine durant les deux premières années, de nombreux plants cessent de croître et se réduisent à l’état de buissons improductifs.

Les plantations non équipées de systèmes d’irrigation goutte-à-goutte présentent donc des résultats très en deçà des promesses commerciales.

A lire : Gestion forestière en France : Clé pour préserver la biodiversité et nos écosystèmes forestiers

Système d’irrigation goutte-à-goutte dans une plantation de Paulownia, illustrant les besoins élevés en eau pouvant atteindre 120 000 litres par hectare chaque année.
Sous ses airs d’arbre miracle, le Paulownia cache une soif démesurée : jusqu’à 120 000 litres d’eau par hectare chaque année.

Dommages aux infrastructures

Les racines de Paulownia sont parfois décrites comme agressives. Dans certaines zones, elles ont provoqué des dégâts sur des canalisations, des réseaux d’irrigation ou des fondations légères, contraignant les propriétaires à arracher les plantations.

Ces incidents, encore marginaux mais coûteux, alimentent les doutes sur la pertinence du Paulownia à proximité des habitations ou des réseaux enterrés.

Abandons faute de débouchés

Plusieurs projets, notamment dans le Lot-et-Garonne, ont été abandonnés par manque de contrats de rachat sécurisés. L’absence de filière de transformation française empêche de valoriser les premières coupes, forçant certains planteurs à stopper leurs investissements.

Ces abandons rappellent qu’une culture n’a de sens économique que si des débouchés concrets existent en aval.

Comparatif visuel entre la filière structurée du Douglas et les billons de Paulownia non valorisés faute d’infrastructures de transformation.
Quand le Douglas alimente une filière solide, le Paulownia reste souvent sans débouchés, faute de scieries dédiées.

Problèmes phytosanitaires

Les jeunes plantations subissent aussi des attaques fongiques (pourriture du collet) et des ravageurs (chenilles, coléoptères). Dans certains essais, plus de 40 % des parcelles ont nécessité une replantation ou des traitements coûteux.

Ces aléas montrent que le Paulownia, présenté comme une essence robuste, peut se révéler très vulnérable en conditions non optimales.

Encadré – 5 erreurs à éviter avant de planter

Erreur fréquenteConséquences observéesBonne pratique recommandée
Planter en zone continentale froideMortalité hivernale (30 %)Choisir climat tempéré doux
Négliger l’irrigation initialeCroissance bloquée, arbres buissonsPrévoir goutte-à-goutte 2 ans
Installer près d’infrastructuresRacines endommageant réseauxÉloigner plantations des zones bâties
Planter sans débouchés garantisAbandons et pertes financièresSécuriser contrats de rachat
Ignorer risques phytosanitairesReplantations coûteuses (40 %)Suivi technique et variétés adaptées

Analyse technico-économique et perspectives

Rentabilité réelle après 5 ans

Les premiers retours de terrain montrent que la rentabilité du Paulownia en France reste inférieure aux projections commerciales.

Le coût d’implantation avoisine 5 500 €/ha, incluant les plants, l’installation d’une irrigation goutte-à-goutte et les protections contre le gibier.

Or, les rendements obtenus après 5 ans sont en deçà des promesses de 20 m³/ha mises en avant par certains promoteurs. Les volumes récoltés sont encore trop faibles pour amortir l’investissement, et la dépendance à l’exportation vers l’Allemagne réduit les marges potentielles.

Sans débouchés locaux sécurisés, la rentabilité reste incertaine.

Graphique comparatif illustrant la consommation d’eau annuelle du Paulownia par rapport au Peuplier, et au Douglas, exprimée en litres par hectare.
Avec jusqu’à 120 000 L d’eau par hectare, le Paulownia reste l’une des essences les plus gourmandes du marché forestier.

Comparatif avec les essences alternatives

Le Paulownia est souvent présenté comme plus rentable que le peuplier, le douglas ou l’eucalyptus. La réalité est plus nuancée.

EssenceCycle d’exploitationVolume moyen (m³/ha/an)Prix moyen bois brut (€/m³)Valorisation principale
Paulownia7–10 ans8–10 (si irrigation optimale)120–200 (théorique)Ameublement, niches biosourcées
Peuplier15–20 ans10–1290–130Contreplaqué, emballage
Douglas40–50 ans12–14 (rotation longue)60–100Charpente, construction
Eucalyptus15–20 ans15–2070–120Pâte à papier, énergie

Ce tableau montre que le Paulownia n’a pas d’avantage net en termes de volumes ou de prix. Son intérêt réside surtout dans son cycle court (7–10 ans) qui permet une valorisation plus rapide, à condition que des marchés stables existent.

Le peuplier conserve un avantage par sa filière structurée, tandis que le douglas reste une valeur sûre pour la construction à long terme.

L’eucalyptus, déjà implanté en zone méditerranéenne, affiche des rendements supérieurs dans son aire d’adaptation.

Scénarios 2025–2035

Trois trajectoires sont envisageables pour le Paulownia en France au cours de la prochaine décennie :

  • Scénario optimiste : une filière nationale de transformation se structure, appuyée par de nouvelles scieries locales et une demande croissante en matériaux biosourcés. Le Paulownia pourrait alors atteindre une rentabilité proche du peuplier, mais avec un cycle plus court.
  • Scénario réaliste : le Paulownia reste une filière de niche, limitée à des zones favorables et à des producteurs capables de sécuriser leurs débouchés. La rentabilité reste très variable, conditionnée par le climat, l’irrigation et les contrats d’achat.
  • Scénario pessimiste : faute de reconnaissance réglementaire et de filière structurée, les plantations stagnent ou reculent. Les abandons se multiplient et le Paulownia conserve une place marginale dans le paysage forestier français.

Encadré – Rentabilité comparée sur 20 ans (ordres de grandeur)

EssenceInvestissement initial (€/ha)Cycles possibles (20 ans)Volume total (m³/ha)Revenus bruts estimés (€/ha)
Paulownia≈ 5 5002 (7–10 ans par cycle)150–18018 000–25 000 (si débouchés confirmés)
Peuplier≈ 4 0001 (15–20 ans)200–24018 000–22 000
Douglas≈ 3 5000,5 (éclaircies avant 40–50 ans)200–30012 000–18 000 (avant coupe finale)
Eucalyptus≈ 4 0001 (15–20 ans)250–30020 000–25 000

Ces ordres de grandeur confirment que le Paulownia ne surpasse pas systématiquement les essences déjà implantées.

Sa compétitivité dépendra surtout de la création d’une filière française de transformation capable d’absorber les volumes, et d’un cadre réglementaire clair qui sécurise les investissements.

Recommandations pour les futurs planteurs

Grille de décision (sols, climat, débouchés)

La réussite d’une plantation de Paulownia dépend d’un ensemble de critères qu’il est essentiel d’évaluer en amont.

Les sols doivent être légers et bien drainés, car l’espèce supporte mal les excès d’eau.

Le climat idéal reste tempéré doux, avec des hivers modérés et une pluviométrie régulière.

Enfin, la proximité de débouchés de transformation est déterminante : sans scierie locale ou contrat de rachat, l’investissement risque d’être compromis par des coûts logistiques élevés.

Bonnes pratiques identifiées

Les retours d’expérience soulignent l’importance de choisir des hybrides stériles, qui réduisent le risque d’invasivité et assurent une croissance plus régulière. L’irrigation doit être concentrée sur les deux premières années, période critique pour l’enracinement.

Infographie présentant les variétés hybrides stériles de Paulownia, Phoenix One et Nordmax 21, cultivées en France pour limiter les risques d’invasivité et améliorer la croissance.
Les hybrides stériles Phoenix One et Nordmax 21 s’imposent comme les références 2025 : croissance maîtrisée, risques d’invasion réduits.

Enfin, de plus en plus de planteurs cherchent à remplacer les gaines plastiques par des alternatives biodégradables, afin de réduire l’empreinte environnementale et anticiper les futures réglementations.

Comparatif entre gaines plastiques utilisées pour protéger les jeunes plants de Paulownia et leurs alternatives biodégradables, illustrant les enjeux environnementaux de la filière.
Les protections biodégradables remplacent peu à peu les gaines plastiques, limitant les déchets tout en protégeant les jeunes Paulownia.

Erreurs à éviter

Plusieurs erreurs récurrentes expliquent les échecs observés. La plantation en zones humides ou en climat continental conduit souvent à des pertes importantes (gel, stagnation de croissance).

Croire aux promesses de rentabilité rapide sans analyser les coûts réels expose à des déconvenues financières. Enfin, s’engager sans avoir sécurisé un contrat de rachat représente un risque majeur : faute de filière nationale structurée, de nombreux projets se sont arrêtés faute de débouchés.

Encadré pratique – Checklist pré-plantation

Question cléPourquoi c’est important ?
Mon sol est-il drainant et adapté à l’espèce ?Les sols lourds et humides favorisent la mortalité.
Mon climat local est-il tempéré et doux ?Les hivers rigoureux réduisent fortement la survie.
Ai-je accès à une ressource en eau pour les 2 premières années ?L’irrigation est indispensable à l’enracinement.
Ai-je identifié un débouché local ou un contrat de rachat ?Sans marché sécurisé, la rentabilité reste illusoire.
Suis-je prêt à investir 5 500 €/ha minimum ?Les coûts initiaux sont élevés et doivent être anticipés.
Ai-je choisi des variétés hybrides stériles ?Elles limitent le risque d’invasivité et améliorent la croissance.
Infographie comparant le Paulownia à des essences locales comme le Douglas et le Peuplier, soulignant les enjeux de durabilité et de certification.
Entre promesse écologique et greenwashing, le Paulownia peine à rivaliser avec les essences locales certifiées et durables.
Tableau comparatif présentant les essences alternatives au Paulownia : Peuplier, Douglas, Eucalyptus, Chanvre et Bambou.
Peuplier, Douglas, chanvre ou bambou : des filières plus stables et souvent plus rentables que le Paulownia.

Que retenir en 2025 ?

En 2025, le Paulownia en France apparaît comme une culture expérimentale prometteuse mais fragile.

Les surfaces plantées atteignent environ 5 000 hectares, avec des croissances confirmées de 3 à 5 mètres par an dans les zones favorables.

Mais derrière ces chiffres se cachent des contraintes lourdes : irrigation obligatoire, mortalité hivernale élevée, absence de filière nationale de transformation, et un statut réglementaire flou qui limite l’accès aux aides PAC et aux certifications PEFC/FSC.

La réalité est contrastée.

Des initiatives locales (PEB, Treesition, Ikiwood) montrent qu’une dynamique est possible, mais elles restent insuffisantes pour bâtir une filière viable.

Les échecs documentés – plantations abandonnées faute de débouchés, pertes de 30 % en climat continental, problèmes phytosanitaires, rappellent que le Paulownia ne saurait être l’“arbre miracle” promis par ses promoteurs.

Les perspectives pour 2025–2035 dépendent désormais de deux facteurs clés : la capacité à structurer une filière française de transformation et la clarification du cadre réglementaire européen.

Sans ces conditions, le Paulownia restera une niche risquée, réservée à quelques planteurs avertis.

A lire : Le rôle des forêts françaises dans le stockage du carbone

Illustration du Paulownia présenté comme “arbre miracle”, censé absorber le CO₂, mettant en lumière le contraste entre son image marketing et sa réalité écologique.
Souvent vanté pour sa capture de CO₂, le Paulownia reste une promesse verte aux fondations fragiles.

FAQ – Paulownia en France 2025

Combien d’hectares de Paulownia sont plantés en France en 2025 ?
Environ 5 000 hectares de Paulownia sont recensés en France en 2025, principalement en Bretagne, dans le Sud-Ouestet les Hauts-de-France. Ce chiffre reste une estimation, car aucun recensement officiel n’existe et les données proviennent surtout des acteurs commerciaux de la filière.

Le Paulownia est-il vraiment écologique ?
Le Paulownia est présenté comme un “arbre climat” capable de stocker beaucoup de CO₂, mais son empreinte écologique réelle est controversée. L’irrigation intensive, l’usage de gaines plastiques et l’absence de filière de valorisation réduisent fortement son bilan carbone. Pour un regard détaillé, voir notre enquête : Paulownia : l’imposture écologique de l’arbre miracle.

Illustration symbolique opposant l’image verte du Paulownia à ses impacts environnementaux réels, questionnant son statut d’arbre miracle face à ses fortes exigences en eau et sa filière fragile.
Icône verte pour certains, imposture écologique pour d’autres : le Paulownia divise les experts de la filière bois.

Quels sont les principaux échecs documentés ?
Les retours de terrain signalent :

  • une mortalité hivernale de 30 % dans l’Est,
  • des plantations réduites à l’état de buissons faute d’irrigation (100–150 L/semaine),
  • des abandons dans le Lot-et-Garonne faute de contrats de rachat,
  • et jusqu’à 40 % de replantation à cause de maladies ou ravageurs.

Combien coûte une plantation de Paulownia ?
Le coût moyen d’installation est estimé à 5 500 €/ha, incluant les plants, l’irrigation et la protection des jeunes arbres. À cela s’ajoutent des frais d’entretien annuels, surtout les deux premières années.

Combien de temps faut-il avant de récolter le Paulownia ?
Le cycle d’exploitation annoncé est de 7 à 10 ans. En pratique, la coupe à 7 ans reste rare en France faute de croissance optimale. Les premières récoltes commerciales prévues en 2025–2026 permettront d’affiner les chiffres réels de rentabilité.

Paulownia vs Peuplier : que choisir en 2025 ?
Le peuplier reste aujourd’hui plus sûr : filière structurée, débouchés garantis (emballage, contreplaqué) et prix stables. Le Paulownia a l’avantage d’un cycle plus court, mais sa rentabilité dépend encore d’une filière nationale inexistante. Pour un projet sécurisé, le peuplier conserve l’avantage en 2025.

Le Paulownia est-il éligible aux aides PAC ?
En monoculture dense, le Paulownia est classé comme essence forestière et n’ouvre pas droit aux aides PAC. En revanche, dans des projets d’agroforesterie (moins de 100 arbres/ha), il peut conserver un statut agricole et rester éligible à certaines subventions.

Le Paulownia est-il invasif en France ?
Le Paulownia tomentosa est inscrit depuis 2021 sur la liste d’alerte de l’OEPP (Organisation européenne et méditerranéenne pour la protection des plantes). Les hybrides stériles utilisés en France limitent le risque, mais la vigilance reste recommandée, notamment en zones sensibles.

Sources